À quoi nous prépare-t-on?
Photos de restes de quatres mercenaires occidentaux suspendus à un pont. Images de séances de torture et dhumiliation; le secrétaire dÉtat à la Défense des États-Unis nous previent que le pire reste à venir. Quelque part en Irak on décapite un citoyen des États-Unis, Nick Berg, entrepreneur en télécommunications, et on brandit sa tête en guise de trophée. À Gaza, des soldats israéliens sont charcutés par des milices, on se dispute les restes. Et on nous promet de renchérir demain soir à lémission «60 Minutes II» à la chaîne CBS, cette même émission qui, il y a deux semaines, diffusait la première série dimages de la prison dAbu Ghraib.
On épiloguera longtemps sur le rôle que joue la technologie dans la diffusion de ces images, et sur leffet probable si elle avait existé à Verdun en 1916 ou à Dien Bien Phu il y a cinquante ans.
Certes, on ne nous montre pas tout. Relativement peu dimages ont circulé sur les fosses communes de Mazar-I-Sharif en Afghanistan où, selon certains rapports des centaines de combattants afghans, fusillés ou laissés à suffoquer dans des conteneurs par les forces étasuniennes, sont enterrés (voir à cet égard lémission Disclosure de la CBC et la liste de liens afférents). Lassassinat de Nick Berg rappelle vaguement celui du journaliste Daniel Pearl, une affaire malheureusement vite oubliée. Curieux aussi de constater que «nos» victimes ont des noms, et «les leurs» nont que des sexes et des âges.
Mais revenons à ce quon ne peut que qualifier d«escalade» de limagerie de violence dont on est témoin depuis quelques jours. Leffet net est de polariser et de durcir les positions. Chez les Irakiens, on le comprendra, les photos de prisonniers maltraités à Abu Ghraib suscitent colère et indignation. Aux États-Unis, leffet est partagé. Les anti-guerre sen servent pour dénoncer laventure irakienne de George Bush; la droite déclare de manière simpliste, comme si cétait une justification, que les présumées victimes ne sont que des assassins et des terroristes.
Soulignons au passage que dans son rapport de février dernier (format PDF) sur les prisons en Irak, le Comité international de la Croix rouge écrivait : «Certains agents du renseignement des forces de la coalition ont confié au CICR quentre 70 % et 90 % des personnes privées de leur liberté en Irak ont été arrêtées par erreur».
On décèle chez les auteurs des sévices imposés aux détenus irakiens, et ce sans vouloir entrer dans le détail, une volonté manifeste dhumilier et de terroriser. Y aurait-il un autre effet à cette stratégie de torture et de diffusion dimages à la limite du soutenable, et dont la cible serait la conscience collective occidentale? Doù la question : à quoi nous prépare-t-on? Cest comme si la banalisation de ce genre de violence ne servait quà nous conditionner pour ce qui reste à venir.
Comme dit Cabrel...
Ajout, 13 mai 2004.
Et comme si le flot continu de photos et de révélations troublantes nétait pas suffisant, certains cherchent à en rajouter. Le Boston Globe, dans son édition du 12 mai, a publié un article sur un conseiller municipal, Chuck Turner, qui disait disposer de photos de soldats étasuniens violant des femmes irakiennes. Turner a dévoilé ces photos lors dune conférence de presse, accompagné de Sadiki Kambon, militant du centre dinformation pour les Afro-américains (Black Community Information Center). Ce dernier disait les avoir reçues dun certain Akbar Muhammad, un représentant de la Nation de lIslam. Le Globe a publié une photo de Turner et Kambon qui étalaient les photos pour la presse, mais où les détails était clairement visibles. Trois hauts responsables de la rédaction en ont autorisé la publication. La journaliste du Globe, Donovan Slack, avait communiqué avec le ministère de la Défense dont le porte-parole mettait en garde lutilisation de photos circulant sur Internet. Or, comme le rapporte le WorldNetDaily, ces photos sont fausses. Il sagit de photos piquées sur un site Web de pornographie extrême.
On épiloguera longtemps sur le rôle que joue la technologie dans la diffusion de ces images, et sur leffet probable si elle avait existé à Verdun en 1916 ou à Dien Bien Phu il y a cinquante ans.
Certes, on ne nous montre pas tout. Relativement peu dimages ont circulé sur les fosses communes de Mazar-I-Sharif en Afghanistan où, selon certains rapports des centaines de combattants afghans, fusillés ou laissés à suffoquer dans des conteneurs par les forces étasuniennes, sont enterrés (voir à cet égard lémission Disclosure de la CBC et la liste de liens afférents). Lassassinat de Nick Berg rappelle vaguement celui du journaliste Daniel Pearl, une affaire malheureusement vite oubliée. Curieux aussi de constater que «nos» victimes ont des noms, et «les leurs» nont que des sexes et des âges.
Mais revenons à ce quon ne peut que qualifier d«escalade» de limagerie de violence dont on est témoin depuis quelques jours. Leffet net est de polariser et de durcir les positions. Chez les Irakiens, on le comprendra, les photos de prisonniers maltraités à Abu Ghraib suscitent colère et indignation. Aux États-Unis, leffet est partagé. Les anti-guerre sen servent pour dénoncer laventure irakienne de George Bush; la droite déclare de manière simpliste, comme si cétait une justification, que les présumées victimes ne sont que des assassins et des terroristes.
Soulignons au passage que dans son rapport de février dernier (format PDF) sur les prisons en Irak, le Comité international de la Croix rouge écrivait : «Certains agents du renseignement des forces de la coalition ont confié au CICR quentre 70 % et 90 % des personnes privées de leur liberté en Irak ont été arrêtées par erreur».
On décèle chez les auteurs des sévices imposés aux détenus irakiens, et ce sans vouloir entrer dans le détail, une volonté manifeste dhumilier et de terroriser. Y aurait-il un autre effet à cette stratégie de torture et de diffusion dimages à la limite du soutenable, et dont la cible serait la conscience collective occidentale? Doù la question : à quoi nous prépare-t-on? Cest comme si la banalisation de ce genre de violence ne servait quà nous conditionner pour ce qui reste à venir.
Comme dit Cabrel...
Ajout, 13 mai 2004.
Et comme si le flot continu de photos et de révélations troublantes nétait pas suffisant, certains cherchent à en rajouter. Le Boston Globe, dans son édition du 12 mai, a publié un article sur un conseiller municipal, Chuck Turner, qui disait disposer de photos de soldats étasuniens violant des femmes irakiennes. Turner a dévoilé ces photos lors dune conférence de presse, accompagné de Sadiki Kambon, militant du centre dinformation pour les Afro-américains (Black Community Information Center). Ce dernier disait les avoir reçues dun certain Akbar Muhammad, un représentant de la Nation de lIslam. Le Globe a publié une photo de Turner et Kambon qui étalaient les photos pour la presse, mais où les détails était clairement visibles. Trois hauts responsables de la rédaction en ont autorisé la publication. La journaliste du Globe, Donovan Slack, avait communiqué avec le ministère de la Défense dont le porte-parole mettait en garde lutilisation de photos circulant sur Internet. Or, comme le rapporte le WorldNetDaily, ces photos sont fausses. Il sagit de photos piquées sur un site Web de pornographie extrême.
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