Un militantisme à repenser?
Samedi dernier, le Collectif échec à la guerre invitait à manifester pour la fin de loccupation de lIrak. À Montréal, comme dans la pulpart des villes du monde où des manifestations semblables se tenaient, la participation a été très faible à comparer aux grands rassemblements de lan dernier. Doit-on y voir un désabusement de la part de ceux et celles qui avaient manifesté en si grand nombre lan dernier? Y a-t-il perception déchec? Est-il encore possible de faire sortir la population dans la rue, et si oui pour quelle cause? On ne saurait qualifier trop vite déchec lexpression de lopposition à la guerre annoncée de 2003. Certains diront que si linvasion na pas été évitée, lopposition aura influencé la manière avec laquelle elle sest déroulée et, pour le Canada, les apparentes distances prises à légard de Washington. Insistons ici sur le fait de l«apparence» de ces distances. Le 25 mars 2003, lambassadeur étasunien à Ottawa, Paul Cellucci, disait devant le Economic Club de Toronto que le Canada soutenait davantage, mais indirectement, linvasion en Irak que la plupart des 46 pays ayant manifesté ouvertement leur appui aux États-Unis. (Voir Canadas Secret Contribution to the War in Iraq de Richard Sanders).
Aux États-Unis, le militantisme anti-guerre aussi se trouve en plein questionnement. La fin de semaine dernière, Mark Engler dans son article The Momentum of the Movement posait les deux questions essentielles : «Quavons-nous accompli, et quelle sont les prochaines étapes?» Sil est vrai quen février 2003, le New York Times qualifiait lopinion publique de «deuxième superpuissance mondiale», cette opinion naura pas fait le poids devant les va-t-en guerre de la Maison Blanche. Mais, comme le souligne Engler, les manifestations publiques dopposition auront façonné de manière sensible la perception des enjeux. Distinguons aussi, aux États-Unis, lopposition à la guerre qui se confond à lopposition à George W. Bush, même si on se demande si la situation serait bien différente avec John Kerry à la Maison blanche.
Revenons au Québec et reposons la question : Est-il encore possible de faire sortir la population dans la rue, et si oui pour quelle cause? La construction de la centrale du Suroît a mobilisé quelques milliers de personnes, le gouvernement a reculé temporairement, mais y a-t-il cause à effet pour autant? Le renversement de Jean-Bertrand Aristide en Haïti, orchestré par Paris et Washington et avalisé par Ottawa, na eu aucune répercussion marquante dans les rues. Certes, il y a bien la quelque dizaines de manifestants pro-Palestine, chaque vendredi, pour une vigile silencieuse devant le consulat israélien, mais cest peu si on considère lénormité de la situation.
Je me souviens dun graffiti vu il y a plusieurs années sur une rue attenante à Saint-Laurent. «If voting could change anything, it would be illegal». Serait-ce létat desprit qui sest emparé du public à légard des manifestations, et qui force les organisations militantes à repenser leur action?
Aux États-Unis, le militantisme anti-guerre aussi se trouve en plein questionnement. La fin de semaine dernière, Mark Engler dans son article The Momentum of the Movement posait les deux questions essentielles : «Quavons-nous accompli, et quelle sont les prochaines étapes?» Sil est vrai quen février 2003, le New York Times qualifiait lopinion publique de «deuxième superpuissance mondiale», cette opinion naura pas fait le poids devant les va-t-en guerre de la Maison Blanche. Mais, comme le souligne Engler, les manifestations publiques dopposition auront façonné de manière sensible la perception des enjeux. Distinguons aussi, aux États-Unis, lopposition à la guerre qui se confond à lopposition à George W. Bush, même si on se demande si la situation serait bien différente avec John Kerry à la Maison blanche.
Revenons au Québec et reposons la question : Est-il encore possible de faire sortir la population dans la rue, et si oui pour quelle cause? La construction de la centrale du Suroît a mobilisé quelques milliers de personnes, le gouvernement a reculé temporairement, mais y a-t-il cause à effet pour autant? Le renversement de Jean-Bertrand Aristide en Haïti, orchestré par Paris et Washington et avalisé par Ottawa, na eu aucune répercussion marquante dans les rues. Certes, il y a bien la quelque dizaines de manifestants pro-Palestine, chaque vendredi, pour une vigile silencieuse devant le consulat israélien, mais cest peu si on considère lénormité de la situation.
Je me souviens dun graffiti vu il y a plusieurs années sur une rue attenante à Saint-Laurent. «If voting could change anything, it would be illegal». Serait-ce létat desprit qui sest emparé du public à légard des manifestations, et qui force les organisations militantes à repenser leur action?
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