Susan Sontag 1933-2004
On apprend le décès à New York de lessayiste et romancière étasunienne Susan Sontag. Lannonce a été faite par une clinique de cancérologie de Manhattan. Madame Sontag aura marqué une époque de la littérature par des essais profonds et percutants, notamment sur limportance de limage dans nos sociétés dans «Sur la photographie» (1977) et «La douleur des autres». Proche de la photographe Annie Leibovitz, elle avait écrit le texte daccompagnement de son célèbre livre «Women» publié en 1999.
Le 17 septembre 2001, elle écrivait dans le New Yorker un article (retrouvé ici grâce à la bienveillance de Lise Willar) sur les attentats du 11 septembre qui lui valut dêtre taxée danti-américaine et de recevoir des menaces de mort. «Toutes les voix autorisées à suivre lévénement semblent sêtre liguées pour mener une campagne destinée à infantiliser le public. Où peut-on entendre quil ne sagissait pas dune attaque lâche contre la civilisation, la liberté, lhumanité ou encore le monde libre, mais dune attaque menée contre les États-Unis, autoproclamée première superpuissance mondiale, en répercussion à certains intérêts, certaines actions de lAmérique?»
Un an plus tard, lécrivain Russell Banks commentait les propos de Sontag dans le magazine littéraire de LExpress : «Le problème nest pas que Susan Sontag se soit trompée. Je pense que son analyse était assez juste, mais elle na pas exprimé suffisamment de douleur et dadmiration pour les policiers et les pompiers tués. Elle na pas modéré. En dautres termes, elle na pas montré son américanisme, sa carte de membre à la tribu. Elle a simplement critiqué la tribu.»
Et critiquer la tribu, elle continua de le faire jusquà tout récemment. Lorsqua éclaté laffaire des photos de la prison dAbou Ghraib, elle écrit un long texte dans le quotidien The Guardian (version française) intitulé «Quavons-nous fait?» : «Ce fut tout dabord un déplacement de la réalité des faits vers les photographies elles-mêmes. La réaction initiale de ladministration fut de dire que le Président était choqué et éprouvait du dégoût à la vue de ces images - comme si la faute ou lhorreur venait des images elles-mêmes et non de ce quelles dépeignent. Il y eut également le soin mis à éviter lemploi du mot torture. Les prisonniers ont peut-être bien été victimes de mauvais traitements, et finalement dhumiliations - mais cétait le maximum que lon puisse admettre.»
Le départ de Susan Sontag laissera un vide en cette époque où de moins en moins dintellectuels osent, justement, «critiquer la tribu».
Le 17 septembre 2001, elle écrivait dans le New Yorker un article (retrouvé ici grâce à la bienveillance de Lise Willar) sur les attentats du 11 septembre qui lui valut dêtre taxée danti-américaine et de recevoir des menaces de mort. «Toutes les voix autorisées à suivre lévénement semblent sêtre liguées pour mener une campagne destinée à infantiliser le public. Où peut-on entendre quil ne sagissait pas dune attaque lâche contre la civilisation, la liberté, lhumanité ou encore le monde libre, mais dune attaque menée contre les États-Unis, autoproclamée première superpuissance mondiale, en répercussion à certains intérêts, certaines actions de lAmérique?»
Un an plus tard, lécrivain Russell Banks commentait les propos de Sontag dans le magazine littéraire de LExpress : «Le problème nest pas que Susan Sontag se soit trompée. Je pense que son analyse était assez juste, mais elle na pas exprimé suffisamment de douleur et dadmiration pour les policiers et les pompiers tués. Elle na pas modéré. En dautres termes, elle na pas montré son américanisme, sa carte de membre à la tribu. Elle a simplement critiqué la tribu.»
Et critiquer la tribu, elle continua de le faire jusquà tout récemment. Lorsqua éclaté laffaire des photos de la prison dAbou Ghraib, elle écrit un long texte dans le quotidien The Guardian (version française) intitulé «Quavons-nous fait?» : «Ce fut tout dabord un déplacement de la réalité des faits vers les photographies elles-mêmes. La réaction initiale de ladministration fut de dire que le Président était choqué et éprouvait du dégoût à la vue de ces images - comme si la faute ou lhorreur venait des images elles-mêmes et non de ce quelles dépeignent. Il y eut également le soin mis à éviter lemploi du mot torture. Les prisonniers ont peut-être bien été victimes de mauvais traitements, et finalement dhumiliations - mais cétait le maximum que lon puisse admettre.»
Le départ de Susan Sontag laissera un vide en cette époque où de moins en moins dintellectuels osent, justement, «critiquer la tribu».
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