Les visages de la répression en Haïti
Arrestation de trois anciens parlementaires du parti Fanmi Lavalas (pro-Aristide) qui venaient de participer à une revue de lactualité de la semaine sur les ondes dune radio locale. Selon Haïti-Progrès, «Cest sur ordre du gouvernement de facto que les agents de la PNH fortement armés et portant des cagoules ont encerclé pendant environ six heures de temps la station, avant dy pénétrer par effraction en présence du juge Gabriel Ambroise pour arrêter les trois ex-sénateurs.»
Six cent morts en deux semaines selon le journaliste Kevin Pina qui est sur place (transcription dune entrevue du 15 octobre). La plupart des victimes étaient des partisans du président en exil Jean-Bertrand Aristide.
Arrestation du père Gérard Jean-Juste, religieux oeuvrant dans les quartiers défavorisés, et détention illégale depuis une semaine pour «trouble à lordre public», un délit entraînant une amende maximum de 0,40 $ US (source, Bill Quigley, professeur de droit à luniversité Loyola de Nouvelle-Orléans).
Concernant le rôle des forces dites de «stabilisation» des Nations Unies, la MINUSTAH, Brian Concannon, avocat étasunien et membre du Bureau des Avocats Internationaux (BAI) qui sintéresse à Haïti depuis 1996 commente : «Limplication de la force des Nations Unies ne se limite pas à tolérer que ces choses arrivent, elles les appuie directement. Elle fournit un soutien à ces gens [civils en cagoules qui se disent de la police nationale] lorsquils investissent les quartiers pauvres, c'est elle qui a dressé un périmètre de sécurité autour de la station de radio pour les arrestations. Cest beaucoup plus quun laisser-faire. Elle joue un rôle actif.»
De lAssociated Press : «Les États-Unis ont décidé de lever un embargo sur les armes imposé à Haïti depuis treize ans, selon des responsables haïtiens. [...] Les autorités américaines nont pas immédiatement confirmé la levée de lembargo sur les ventes darmes à Haïti mais le département dÉtat américain a affirmé quil considérerait au cas par cas les commandes darmes passées par le gouvernement haïtien.»
De lAgence haïtienne de presse : «Le Conseil des sages a fait mercredi des recommandations au gouvernement intérimaire en vue de mettre un terme au climat de violence qui secoue la capitale haïtienne depuis plus de deux semaines. [...] Les autorités intérimaires devraient mettre sur pied un service de renseignement qui leur permettraient de frapper les auteurs intellectuels des violences, a fait savoir M. Rouseau qui déclare rejeter l'opinion selon laquelle la pauvreté est source de violence.»
De Daniel Lak de la BBC : «Dans un immeuble de quatre étages à proximité du marché de Pétionville, jai trouvé ce qui semble être une petite armée, une centaine dhommes en tenues de combat toutes neuves, plusieurs armés de fusils dassaut. Leur commandant, Rammissanthe Ravix, un ex-officier des forces armés haïtiennes (Ndlr. Chef des démobilisés), propose de nettoyer Port-au-Prince si la police et les forces de lONU sen montrent incapables. Nous avons beaucoup darmes, elles sont cachées, et nous avons deux plans très efficaces ma-t-il dit. Nous mettrons fin à la violence en supprimant les hommes de violence.»
On se résume : le gouvernement intérimaire est engagé dans une vague de répression tous azimuts, appuyée par la force de «stabilisation» des Nations Unies, les États-Unis (qui ont appuyé le renversement dun chef dÉtat dûment élu) songent à lever lembargo des livraisons darmes vers Haïti, le «Conseil des sages» propose ni plus ni moins de reconstituer les tonton macoutes pour espionner les intellectuels, et les militaires «démobilisés» qui réclament le retour dune force armée nationale, tout en opérant au vu et au su de tous, promettent de «nettoyer» la capitale.
Pendant ce temps le Canada envisage pour décembre une réunion des forces de la diaspora, Marthe Lapierre de lorganisme Développement et Paix profite de la tribune complaisante de la radio publique pour accuser les partisans de Jean-Bertrand Aristide de fomenter les violences récentes, et il est question quAmnesty International, que lon a vu plus empressée dans dautres cas, dépêche en Haïti une mission denquête la semaine prochaine.
Six cent morts en deux semaines selon le journaliste Kevin Pina qui est sur place (transcription dune entrevue du 15 octobre). La plupart des victimes étaient des partisans du président en exil Jean-Bertrand Aristide.
Arrestation du père Gérard Jean-Juste, religieux oeuvrant dans les quartiers défavorisés, et détention illégale depuis une semaine pour «trouble à lordre public», un délit entraînant une amende maximum de 0,40 $ US (source, Bill Quigley, professeur de droit à luniversité Loyola de Nouvelle-Orléans).
Concernant le rôle des forces dites de «stabilisation» des Nations Unies, la MINUSTAH, Brian Concannon, avocat étasunien et membre du Bureau des Avocats Internationaux (BAI) qui sintéresse à Haïti depuis 1996 commente : «Limplication de la force des Nations Unies ne se limite pas à tolérer que ces choses arrivent, elles les appuie directement. Elle fournit un soutien à ces gens [civils en cagoules qui se disent de la police nationale] lorsquils investissent les quartiers pauvres, c'est elle qui a dressé un périmètre de sécurité autour de la station de radio pour les arrestations. Cest beaucoup plus quun laisser-faire. Elle joue un rôle actif.»
De lAssociated Press : «Les États-Unis ont décidé de lever un embargo sur les armes imposé à Haïti depuis treize ans, selon des responsables haïtiens. [...] Les autorités américaines nont pas immédiatement confirmé la levée de lembargo sur les ventes darmes à Haïti mais le département dÉtat américain a affirmé quil considérerait au cas par cas les commandes darmes passées par le gouvernement haïtien.»
De lAgence haïtienne de presse : «Le Conseil des sages a fait mercredi des recommandations au gouvernement intérimaire en vue de mettre un terme au climat de violence qui secoue la capitale haïtienne depuis plus de deux semaines. [...] Les autorités intérimaires devraient mettre sur pied un service de renseignement qui leur permettraient de frapper les auteurs intellectuels des violences, a fait savoir M. Rouseau qui déclare rejeter l'opinion selon laquelle la pauvreté est source de violence.»
De Daniel Lak de la BBC : «Dans un immeuble de quatre étages à proximité du marché de Pétionville, jai trouvé ce qui semble être une petite armée, une centaine dhommes en tenues de combat toutes neuves, plusieurs armés de fusils dassaut. Leur commandant, Rammissanthe Ravix, un ex-officier des forces armés haïtiennes (Ndlr. Chef des démobilisés), propose de nettoyer Port-au-Prince si la police et les forces de lONU sen montrent incapables. Nous avons beaucoup darmes, elles sont cachées, et nous avons deux plans très efficaces ma-t-il dit. Nous mettrons fin à la violence en supprimant les hommes de violence.»
On se résume : le gouvernement intérimaire est engagé dans une vague de répression tous azimuts, appuyée par la force de «stabilisation» des Nations Unies, les États-Unis (qui ont appuyé le renversement dun chef dÉtat dûment élu) songent à lever lembargo des livraisons darmes vers Haïti, le «Conseil des sages» propose ni plus ni moins de reconstituer les tonton macoutes pour espionner les intellectuels, et les militaires «démobilisés» qui réclament le retour dune force armée nationale, tout en opérant au vu et au su de tous, promettent de «nettoyer» la capitale.
Pendant ce temps le Canada envisage pour décembre une réunion des forces de la diaspora, Marthe Lapierre de lorganisme Développement et Paix profite de la tribune complaisante de la radio publique pour accuser les partisans de Jean-Bertrand Aristide de fomenter les violences récentes, et il est question quAmnesty International, que lon a vu plus empressée dans dautres cas, dépêche en Haïti une mission denquête la semaine prochaine.
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