Le .XXX arrive
Le 1er juin, lorganisme responsable de laffectation des noms de domaines Internet, lICANN (Internet Corporation For Assigned Names and Numbers), annonçait la création du domaine .XXX pour regrouper les sites dits «pour adultes», et lamorce de négociations techniques et commerciales pour la gestion du domaine avec le régistraire ICM Registry. Le projet de domaine .XXX est parrainé par lInternational Foundation for Online Responsibility (IFFOR), un organisme canadien, qui en déterminera les politiques de gestion et dattribution. On pourrait voir arriver les premiers sites .XXX au quatrième trimestre de 2005.
Cette décision découle dune demande déposée auprès de lICANN il y a 15 mois par ICM Registry et lIFFOR. Les demandeurs souhaitaient un nom de domaine qui transcenderait les barrières géographiques et linguistiques er identifierait clairement les contenus pour adultes. Les propositions antérieures pour un tel domaine (.SEX, .ADULT, .PORN) étaient trop identifiées à lunivers anglo-saxon selon les demandeurs qui ont fait valoir laspect polyglotte du .XXX. De plus, il pouvait y avoir ambiguïté avec .SEX et .ADULT pour des personnes à la recherche dinformation sur la planification des grossesses, la contraception ou lavortement, et le suffixe .PORN mettrait les régistraires dans la position difficile de déterminer ce qui est pornographique et ce qui ne lest pas.
On fait également valoir que le filtrage des contenus sera facilité par le regroupement des sites pour adultes dans un seul domaine. Ce domaine sera à adhésion volontaire et cherchera à implanter des pratiques comme lexclusion de contenus exploitant les enfants.
On laura deviné, la création du domaine .XXX suscite de nombreuses réactions. Pour le technologue Joi Ito, aussi membre de lICANN, écrit : «La décision dapprouver la création du domaine .XXX a été basée sur le respect des critères [administratifs et techniques] pour la création dun domaine, et nendosse ni ne condamne aucun type de contenu ou de valeur morale. Je comprends que certaines personnes pourraient croire que lICANN endosse la pornographie sur Internet, mais ce nest pas le cas.»
Pour le chroniqueur du quotidien britannique The Independent, Charles Arthur, lidée dun domaine .XXX est flouée au départ. Il écrit : «Le problème est que le sexe en ligne est une industrie de plusieurs milliards de dollars, et que ce nest pas dans lintérêt des exploitants de se confiner à un domaine où parents et entreprises peuvent en interdire laccès.[...] Je sais quil faut trouver une solution au problème des mineurs ayant accès à la pornographie, mais je ne crois pas que cette solution passe par un nom de domaine réservé dans un réseau utilisé par des adultes qui déboursent de largent pour certains produits.»
Lindustrie des contenus pour adultes réagit elle aussi. Certains parlent dun «ghettoïsation» des sites pour adultes et datteinte à leur liberté dexpression, mais dautres laissent percevoir des motifs politiques et financiers derrière la création du domaine .XXX.
Des droits dobtention dun domaine .XXX, environ 10 $ seront versés à lInternational Foundation for Online Responsibility (IFFOR) qui travaille à résoudre certains problèmes de lindustrie des contenus pour adultes, et une partie de ces fonds ira à la Association of Sites Advocating Child Protection qui lutte contre la pornographie juvénile. Pour ce qui est de ICM Registry, elle déclare vouloir permettre à lindustrie pour adultes, sur une base volontaire, de sauto-réglementer et daccepter des normes communes visant à protéger les enfants.
Pour Jason Hendeles de ICM Registry, cité par le site XBiz spécialisé dans lindustrie pour adultes, laspect transfrontalier dInternet ne permet pas dappliquer uniformément des règles de tolérance en fonction de ce qui est acceptable dans une collectivité, et non dans une autre. En revanche, dit-il, «Les sociétés de cartes bancaires seront plus susceptibles doffrir des services de transactions légales à des entreprises qui agissent dans le cadre de la loi... ou sont du moins perçues comme agissant de manière responsable.»
Toujours dans XBiz, Jack Mardack de la société profitLABINC.com (spécialisée dans les services de paiement en ligne pour les sites de contenus pour adultes) accueille favorablement larrivée du domaine .XXX. Il affirme, «Ce que je vois de positif dans le .XXX cest quil permet dadopter volontairement des pratiques commerciales en échange de concessions que nous naurions pu obtenir autrement. Notre bataille est essentiellement politique, et toute politique se fonde sur le compromis.»
Cest dans ces deux déclarations liminaires (les responsables de lindustrie des contenus pour adultes ne sont jamais bavards) que lont comprend mieux ce qui a amené à la création du domaine .XXX. Depuis octobre 2003, sous linfluence de la droite religieuse, la Maison blanche a multiplié les déclarations relatives à son intention de lutter contre la pornographie et à en protéger les enfants. Chez les législateurs, on menaçait même dagir auprès des services de cartes bancaires pour leur interdire daccepter les transactions pour des contenus pour adultes. Même si une telle mesure aurait eu du mal à passer la rampe sur le plan législatif, en vertu des libertés constitutionnelles, lindustrie frémissait à lidée et à décidé de jouer la carte de la proactivité et des compromis.
Chose certaine, le .XXX servira à enrichir ses promoteurs. Ladhésion au .XXX est volontaire; on se demande dailleurs comment on pourrait forcer des dizaines de milliers de sites actuellement en .COM, .NET, .ORG et autres à migrer vers le .XXX. Un nom de domaine .XXX coûtera 60 $ US (environ 48 euros, 74 $ CAD), soit de deux à trois fois plus quun nom de domaine .COM, .NET ou autre selon le régistraire avec qui ont fait affaire. Pour un exploitant de site pour adultes qui tient à protéger sa marque de commerce des cyberquatters, 60 $ ne représente quune infime partie de ses frais généraux et une assurance bien peu chère contre lappropriation de sa marque.
Situation inverse : un exploitant de site pour adultes veut lancer une «nouvelle marque» et choisit le domaine .XXX. Prendra-t-il la chance de ne pas inscrire cette marque sous les autres domaines mieux connus et de se rendre vulnérable au cybersquatting? Certes non, et ce sera de nouveau les régistraires qui encaisseront.
Cette décision découle dune demande déposée auprès de lICANN il y a 15 mois par ICM Registry et lIFFOR. Les demandeurs souhaitaient un nom de domaine qui transcenderait les barrières géographiques et linguistiques er identifierait clairement les contenus pour adultes. Les propositions antérieures pour un tel domaine (.SEX, .ADULT, .PORN) étaient trop identifiées à lunivers anglo-saxon selon les demandeurs qui ont fait valoir laspect polyglotte du .XXX. De plus, il pouvait y avoir ambiguïté avec .SEX et .ADULT pour des personnes à la recherche dinformation sur la planification des grossesses, la contraception ou lavortement, et le suffixe .PORN mettrait les régistraires dans la position difficile de déterminer ce qui est pornographique et ce qui ne lest pas.
On fait également valoir que le filtrage des contenus sera facilité par le regroupement des sites pour adultes dans un seul domaine. Ce domaine sera à adhésion volontaire et cherchera à implanter des pratiques comme lexclusion de contenus exploitant les enfants.
On laura deviné, la création du domaine .XXX suscite de nombreuses réactions. Pour le technologue Joi Ito, aussi membre de lICANN, écrit : «La décision dapprouver la création du domaine .XXX a été basée sur le respect des critères [administratifs et techniques] pour la création dun domaine, et nendosse ni ne condamne aucun type de contenu ou de valeur morale. Je comprends que certaines personnes pourraient croire que lICANN endosse la pornographie sur Internet, mais ce nest pas le cas.»
Pour le chroniqueur du quotidien britannique The Independent, Charles Arthur, lidée dun domaine .XXX est flouée au départ. Il écrit : «Le problème est que le sexe en ligne est une industrie de plusieurs milliards de dollars, et que ce nest pas dans lintérêt des exploitants de se confiner à un domaine où parents et entreprises peuvent en interdire laccès.[...] Je sais quil faut trouver une solution au problème des mineurs ayant accès à la pornographie, mais je ne crois pas que cette solution passe par un nom de domaine réservé dans un réseau utilisé par des adultes qui déboursent de largent pour certains produits.»
Lindustrie des contenus pour adultes réagit elle aussi. Certains parlent dun «ghettoïsation» des sites pour adultes et datteinte à leur liberté dexpression, mais dautres laissent percevoir des motifs politiques et financiers derrière la création du domaine .XXX.
Des droits dobtention dun domaine .XXX, environ 10 $ seront versés à lInternational Foundation for Online Responsibility (IFFOR) qui travaille à résoudre certains problèmes de lindustrie des contenus pour adultes, et une partie de ces fonds ira à la Association of Sites Advocating Child Protection qui lutte contre la pornographie juvénile. Pour ce qui est de ICM Registry, elle déclare vouloir permettre à lindustrie pour adultes, sur une base volontaire, de sauto-réglementer et daccepter des normes communes visant à protéger les enfants.
Pour Jason Hendeles de ICM Registry, cité par le site XBiz spécialisé dans lindustrie pour adultes, laspect transfrontalier dInternet ne permet pas dappliquer uniformément des règles de tolérance en fonction de ce qui est acceptable dans une collectivité, et non dans une autre. En revanche, dit-il, «Les sociétés de cartes bancaires seront plus susceptibles doffrir des services de transactions légales à des entreprises qui agissent dans le cadre de la loi... ou sont du moins perçues comme agissant de manière responsable.»
Toujours dans XBiz, Jack Mardack de la société profitLABINC.com (spécialisée dans les services de paiement en ligne pour les sites de contenus pour adultes) accueille favorablement larrivée du domaine .XXX. Il affirme, «Ce que je vois de positif dans le .XXX cest quil permet dadopter volontairement des pratiques commerciales en échange de concessions que nous naurions pu obtenir autrement. Notre bataille est essentiellement politique, et toute politique se fonde sur le compromis.»
Cest dans ces deux déclarations liminaires (les responsables de lindustrie des contenus pour adultes ne sont jamais bavards) que lont comprend mieux ce qui a amené à la création du domaine .XXX. Depuis octobre 2003, sous linfluence de la droite religieuse, la Maison blanche a multiplié les déclarations relatives à son intention de lutter contre la pornographie et à en protéger les enfants. Chez les législateurs, on menaçait même dagir auprès des services de cartes bancaires pour leur interdire daccepter les transactions pour des contenus pour adultes. Même si une telle mesure aurait eu du mal à passer la rampe sur le plan législatif, en vertu des libertés constitutionnelles, lindustrie frémissait à lidée et à décidé de jouer la carte de la proactivité et des compromis.
Chose certaine, le .XXX servira à enrichir ses promoteurs. Ladhésion au .XXX est volontaire; on se demande dailleurs comment on pourrait forcer des dizaines de milliers de sites actuellement en .COM, .NET, .ORG et autres à migrer vers le .XXX. Un nom de domaine .XXX coûtera 60 $ US (environ 48 euros, 74 $ CAD), soit de deux à trois fois plus quun nom de domaine .COM, .NET ou autre selon le régistraire avec qui ont fait affaire. Pour un exploitant de site pour adultes qui tient à protéger sa marque de commerce des cyberquatters, 60 $ ne représente quune infime partie de ses frais généraux et une assurance bien peu chère contre lappropriation de sa marque.
Situation inverse : un exploitant de site pour adultes veut lancer une «nouvelle marque» et choisit le domaine .XXX. Prendra-t-il la chance de ne pas inscrire cette marque sous les autres domaines mieux connus et de se rendre vulnérable au cybersquatting? Certes non, et ce sera de nouveau les régistraires qui encaisseront.
<< Accueil