23.5.06

Taheri persiste et signe, et autres précisions

Quelques rebondissements dans l’affaire Taheri

National Post, 19 mai 2006Par voie de communiqué émis par le cabinet de relations publiques Benador Associates, Amir Taheri répond à ses détracteurs.  Il affirme avoir été informé du projet d’imposition de signes distinctifs par trois parlementaires iraniens qui se seraient opposés au projet de loi.  Il ajoute : «J’ignore s’il y a de ces dispositions qui seront retenues.  Nous le saurons après que le comité désigné pour en faire l’étude présentera son rapport, peut-être en septembre.» (L'image est tirée du National Post, 19 mai 2006.)

Juan Cole, professeur d’histoire contemporaine du Proche-Orient à l’université du Michigan et expert reconnu de la question écrit : «Les lois adoptées par le parlement iranien sont disponibles sur le Web et dans les journaux iraniens, et si une telle loi [Ndb. celle décrite par Taheri] aurait été publiée et aurait provoqué des réactions.  M. Taheri aurait-il l’obligeance de nous fournir une adresse Web pour le texte de loi en farsi? [Ndb. langue officielle que Cole maîtrise] Sinon, nous n’aurons plus aucune raison de croire ce qu’il dit.»

Le blogueur Jim Henley nous apporte d’autres précisions.  Taheri attribue dans son article trois citations à Mostafa Pourhardani qui serait le ministre iranien de l’Orientation islamique, mais en effectuant une recherche sur Google, on ne trouve de référence à Pourhardani que dans le texte de Taheri.  Même sur le site Web de la présidence iranienne qui affiche les membres du cabinet, on présente le ministre de la Culture et de l’Orientation islamique comme Saffar Harandi et on ne trouve aucune référence à Pourhardani. 

Par ailleurs, Jim Lobe du Asia Times cite Hadi Ghaemi, recherchiste principale de l’organisme Human Rights Watch pour les questions iraniennes qui affirme qu’il y a un projet de loi de code vestimentaire, mais qu’il n’y est nullement question de minorités religieuses; «Il n’y a que des généralités en ce qui a trait à un code vestimentaire national et à une industrie de la mode qui serait subventionnée et appuyée par l’État.»

Pour sa part, le blogueur iranien zharf a traduit en anglais les onze points principaux dudit projet de loi qui se lit comme un texte d’appui à l’industrie vestimentaire nationale, sans plus.

Il est très éclairant de lire la journaliste Taylor Marsh qui décrit les rapports qu’a eu John Turley-Ewart du National Post avec le rabbin Aaron Breitbart du Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles.  Ce dernier a fait parvenir à Marsh une télécopie d’un message adressé par Turley-Ewart à un certain rabbin Copper aussi du Centre avant que la décision ne soit prise de publier l’article de Taheri : «Pour faire suite à notre conversation, j’envisage de publier ce texte, mais j’ai été incapable d’en confirmer la véracité.  Spécifiquement, je veux m’assurer que la partie dans laquelle il est dit que les Juifs devront porter une bande de tissu jaune, et les Chrétiens une bande de tissu rouge, est bien exacte.  La loi n’est pas encore promulguée, mais elle chemine dans le processus législatif, et je crois que nous devons y attirer le plus d’attention possible.  Toute aide que vous pourriez nous apporter pour confirmation serait grandement appréciée.»

Enfin, pour clore le dossier, il importe de préciser que Amir Taheri a bel et bien écrit que, en vertu du projet de loi, les minorités religieuses devraient porter des signes distinctifs en public, mais n’a fait dans son texte aucune allusion à l’Allemagne nazie ou à son sinistre leader.  C’est la rédaction du National Post qui, en fin d’article, a écrit «L’Iran est-elle en train de devenir la nouvelle Allemagne nazie?» (Is Iran turning into the new Nazi Germany?) et qui a décidé d’illustrer le propos avec les images que l’on connaît.

Mise à jour, 24 mai : Le National Post présente ses excuses
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